L’ère de Bonnie et Clyde, lorsque les banques se faisaient braquer par des personnes armées, est révolue depuis un petit temps déjà. Tout cela n’est plus nécessaire aujourd’hui, car les criminels modernes s’arment d’un ordinateur portable et des compétences techniques nécessaires pour contourner les pare-feu et autres protections. Cela peut sembler simpliste, mais les faits révèlent que depuis que les institutions financières, comme les banques, dépendent de plus en plus des systèmes informatiques et d’Internet, le nombre d’attaques cybernétiques a considérablement augmenté. En 2018, une banque sur quatre à travers le monde a signalé avoir été attaquée par des pirates. Il s’agit là d’une augmentation de 160 % par rapport à l’année précédente. Par ailleurs, les banques ne sont pas les seules victimes, leurs partenaires commerciaux peuvent eux-aussi souffrir des conséquences de ces attaques.

Les hackers qui ont lancé des attaques de grande ampleur sur la banque centrale du Bangladesh, par exemple, ont tenté de dérober près de 100 millions de dollars. L’attaque a été détectée grâce à une faute d’orthographe qui s’était glissée dans un ordre de virement, mais plus de 80 millions de dollars s’étaient alors déjà envolés. L’attaque est attribuée à un groupe de pirates installé en Corée du Nord et qui dispose du soutien du gouvernement pour déstabiliser l’économie mondiale. Ce groupe, qui se fait appeler Lazare et qui est soutenu par le régime nord-coréen, a déjà mené diverses cyberattaques sur des institutions financières. La banque du Mexique et la banque du Chili font notamment partie de ses victimes.

Les cybercriminels n’ont par ailleurs aucun mal à pirater les distributeurs automatiques de billets. En installant un logiciel malveillant, un groupe de hackers a réussi à voler les données d’identification bancaire des clients et à ainsi dérober près de 12 millions de dollars en moins d’une demi-journée. De plus, les pirates sont désormais tellement ingénieux qu’il leur suffit de brancher leur ordinateur portable à un distributeur de billets pour retirer tout l’argent disponible, ce qui s’est déjà produit entre autres au Kenya.

Le pouvoir législatif n’est pas encore en mesure de réagir de manière proactive à ce type de cybercriminalité. La situation est identique dans le monde entier. Les lois relatives à la cybercriminalité ont toujours une longueur de retard sur les cas concrets, ce qui permet aux pirates de conserver l’avantage, même lorsqu’ils ne sont pas soutenus par leur gouvernement. À court terme, la solution consiste organiser une coopération étroite entre les différentes institutions financières. Ces dernières devront mettre en place des protocoles intelligents et des accords professionnels très rigides afin d’empêcher aux hackers de pirater le système. Cependant, nous sommes encore très loin d’une telle collaboration. Pourtant, dans l’intérêt économique d’un pays, il est capital que les autorités et les banques abordent la cybercriminalité de manière professionnelle afin de prévenir toute déstabilisation de l’économie.